« previous article table of contents next article »

l. OTODUS OBLIQUUS Agass.

OTODUS OBLIQUUS Tafel 31 fig. 1-14OTODUS OBLIQUUS Tafel 36 fig. 22-27

© ETH-Bibliothek Zürich, Alte Drucke

Vol. 3, Tab. 31 et Tab. 36, fig. 22-27

Les dents de cette espèce sont très-fréquentes dans l'argile de Londres et particulièrement à Sheppy. J'en ai représenté toute une série, afin de faciliter la détermination des différentes variétés de forme et de dimension, qui résultent de la position que ces dents occupaient dans la gueule de l'animal, et probablement aussi de l'âge des individus. Malgré les différences considérables que l'on remarque entre ces dents, elles ont cependant toutes une certaine apparence d'identité qui ne permet pas de les méconnaître, lorsqu'on connaît les lois d’après lesquelles les dents se modifient suivant leur position sur la mâchoire. Admettant la règle générale qui est applicable á presque tous les genres de Squalides, nous en concluons que les dents droites proviennent de la partie antérieure de la gueule; et il est en outre probable que les plus larges (Tab. 31, fig. 13) sont de la mâchoire supérieure et les plus effilées (fig. 8 et 9), de la mâchoire inférieure. Celles qui sont courbées proviennent des côtés de la mâchoire. Or, comme d'ordinaire, la courbure va en augmentant d'avant en arrière, nous concluons que la dent de fig. 2, Tab. 31, occupait une position plus reculée que fig. 1, et de même que fig. 7 était placée derrière fig. 6. Mais la courbe des dents n'est pas toujours en rapport avec leur taille; nous avons au contraire des dents de grande dimension qui sont très-courbées (Tab. 31,  fig. 2 et 5), et d'autres plus petites qui sont à-peu-près droites (Tab. 36, fig. 23 et 25) ; ce qui nous conduit á penser que nous avons á faire ici á des dents provenant d'individus de taille très-différente, et que le poisson qui portait les dents de fig. 5 et 10 de Tab. 31, était un individu de taille colossale, tandis que celui qui portait les dents de Tab. 36, fig. 26 et 27, était vraisemblablement un jeune. Il est bien possible aussi que dans ce genre il y eût une série de dents plus petites formant les troisième et quatrième rangées des deux côtés des mâchoires, comme dans les genres Carcharodon et surtout dans le genre Odontaspis.

Le caractère commun de toutes ces dents, c'est d’être très-massives et d'avoir surtout une racine très- développée, á tel point que dans quelques dents, sa hauteur égale à-peu-près la moitié de la hauteur du cône (Tab. 31, fig. 2a, 4a). La racine passe insensiblement à la couronne, ensorte que cette dernière est encore très-épaisse á sa base; mais elle s'amincit brusquement vers la pointe. La base de l'émail forme un angle très-ouvert á la face externe qui est aplatie. A la face interne ou bombée, ce même angle est plus prononcé, et comme l'émail y descend en même temps bien moins bas qu'à la face externe, il en résulte que la racine vue de profil, paraît sensiblement plus haute de ce côté que du côté externe, grâce á un espace dégarni d'émail qui se trouve entre la racine et la base de l'émail. C'est au-dessous de cet espace que se trouve le plus fort renflement de la racine.

Les bourrelets latéraux sont en général très-gros, quoique assez irréguliers. On peut admettre comme règle générale, qu'ils sont plus développés dans les dents arquées que dans celles qui sont droites. On trouve aussi plusieurs exemplaires où ils sont oblitérés, et même complètement enlevés; mais dans ce dernier cas, leur absence totale est sans doute due á un accident; du moins je puis affirmer n'avoir rencontré aucun exemplaire bien conservé qui n'en montrât au moins quelque rudiment. La présence de ces bourrelets ne saurait dealers être d'une bien grande valeur spécifique, mais elle est de la plus grande importance comme caractère générique.

En résumé, on peut dire que l’Otodus obliquus se distingue sur toute sa largeur par sa forme massive, par la prépondérance de sa racine et par son émail très-renflé á la base de la couronne, tandis qu'il s'amincit rapidement vers la pointe.

C'est une espèce caractéristique de l'argile de Londres. Les exemplaires figurés proviennent tous sans exception de Sheppy, et m'ont été communiqués par Cuvier et par M. le Rév. Hope. C'est la première espèce de poisson fossile d'Angleterre que j'aie eu l'occasion d'examiner. La plupart de ces dents ont cette teinte bleu-foncé et ce poli mat qui caractérisent les fossiles de cette localité. Il n'y en a qu'un petit nombre qui aient un lustre brillant. Mais l'espèce n'est cependant pas exclusivement propre á cette localité; on en a aussi trouvé sur fig. 12-14 les côtes du midi de l'Angleterre, et M. Dixon l'a figurée sur ses belles planches.

Les exemplaires de fig. fig. 1, 2, 10 et 11 de Tab. 31 se trouvent au Musée de Paris; ceux de fig. 12-14 au Musée de Strasbourg; tous les autres, ainsi que les originaux de Tab. 36, fig. 22-27. m'ont été communiqués par M. Hope.

C'est avec une vive satisfaction que j'ai revu tous les matériaux que j'avais réunis sur cette espèce et qui sont du nombre des premiers essais que j'ai faits il y a une dixaine d'années, pour arriver á une détermination rigoureuse des dents de Squales que l'on trouve éparses dans les couches de la terre. Cette révision m'a confirmé dans l'espoir que j'avais conçu, de voir un jour l'histoire naturelle des poissons fossiles faire des progrès assez sûrs pour rivaliser d'importance avec toutes les autres branches de la paléontologie.

------------------------------------------------------------------------------

References for OTODUS OBLIQUUS