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I. PTYCHODUS MAMMILLARIS Agass.

Ptychodus mammillaris Tafel 25b fig. 11Ptychodus mammillaris Tafel 25b fig. 12Ptychodus mammillaris Tafel 25b fig. 13Ptychodus mammillaris Tafel 25b fig. 14Ptychodus mammillaris Tafel 25b fig. 16Ptychodus mammillaris Tafel 25b fig. 17Ptychodus mammillaris Tafel 25b fig. 19, 20Ptychodus mammillaris Tafel 25b fig. 18

© ETH-Bibliothek Zürich, Alte Drucke

Vol. 3, Tab. 25 b, fig. 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19 et 20.

 

Pour montrer comment l'on se faisait une idée peu juste de la nature de ces fossiles, il y a quelques années seulement, il suffit de rappeler que Mantell, dans sa Géologie de Sussex, les a figurées Tab. 32, fig. 29, 20, 18 et 25 comme des dents d un poisson voisin des Diodon et qu'il les désigne encore comme tels dans sa Géologie du Sud-Est de l'Angleterre, publiée en 1833. Dans Parkinson elles sont figurées au vol. III, pl. 18, fig. 12.

 

Cette espèce de dents est très-répandue dans tous les terrains de craie, dont elle caractérise l'étage supérieur, elle se trouve dans la plupart des collections. C'est chez M. Mantell á Brighton et dans les collections de Lord Cole et de Sir Philippe Egerton que j'en ai vu les plus belles séries, provenant de la craie blanche de Kent et de Sussex. M. le professeur Bronn en possède de Castello près de Belluno et de Quedlimbourg. J'en ai également vu de cette dernière localité, chez M. le comte de Münster. Le musée de Prague en possède en outre de Bennatek en Bohème, (du Plaenerkalk). Au musée de Paris il y en a quelques-unes originaires d'Amérique, trouvées pendant que l'on travaillait au canal de Delaware. M. Alexandre Brongniart en a de Belgique et M. Des Hayes de la craie des environs de Paris. Je n'ai pas remarqué la moindre différence entre les exemplaires provenant de ces différentes localités.

 

Toutes ces dents ont cela de commun, que leur base large et plate est fixée par toute sa face inférieure sur une racine qui va en se rétrécissant de haut en bas. Cette racine est très-bien conservée dans la dent fig. 12, que l'on voit en profil fig. 12’ et par sa face postérieure fig. 12’’. Son plus grand diamètre est donc, comme on le voit ici, celui de dehors en dedans: de ce côté on distingue l'échancrure de la base de la racine qui sépare ses deux bourrelets latéraux. Vue en profil, on observe son rétrécissement d'avant en arrière; sa face antérieure surtout est très-inclinée, tandis que la face postérieure est presque perpendiculaire. Elle est poreuse á raison du réseau grossier de son tissu osseux, d'ou il résulte encore qu'elle se sépare facilement de la couronne; il est même assez rare de trouver de ces dents parfaitement entières. La couronne est très-large dans sa partie inférieure, qui se replie sur elle-même pour envelopper le sommet de la racine, et couverte d'un émail très-épais sillonné, en différens sens, de plis plus ou moins gros et plus ou moins apparens. Pour se faire une juste idée de ces singulières dents, il faut d'abord distinguer le bord évasé de la couronne et son milieu qui est plus ou moins relevé en forme de bosse arrondie, légèrement inclinée d'avant en arrière et fortement plissée transversalement. Les figures de profil, fig. 11', 12', 13', 14', 15', 16', 17', 18', comparées aux figures qui représentent les mêmes dents d'en haut, fig. 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17 et 18, font voir combien ce bord est évasé et quelle est la forme de la bosse médiane. Dans les dents rapprochées de la symphyse des mâchoires la couronne est assez irrégulière et son milieu moins saillant que dans les dents principales des côtés de la partie antérieure des mâchoires. Les dents les plus coniques, comme celle de la fig. 11, paraissent avoir occupé le bout antérieur des mâchoires ou même avoir formé une série impaire sur la symphyse de leurs deux branches. Une particularité digne de remarque, dans la forme de toutes ces dents, c'est que leur bosse médiane s’élève insensiblement du bord antérieur et des flancs en s'arrondissant vers le sommet, tandis qu'au bord postérieur elle est coupée perpendiculairement et présente un enfoncement á sa face postérieure et sur son bord postérieur qui est aussi plus bas que les autres. En comparant les figures où la même dent est représentée par sa face postérieure fig. 12", 14", 18" et en profil fig. 12', 14’ et 18', on pourra apprécier justement ces importantes différences.

 

Les plis de l'émail et ses rugosités diffèrent essentiellement suivant la place qu'ils occupent, ceux du sommet de la bosse sont les plus gros, les plus larges, les plus profonds et les plus droits, ils présentent une disposition régulière en travers de la dent tandis que ceux des bords, ondulés en divers sens, et très-rapprochés les uns des autres, sont interrompus de manière á former plutôt une granulation continue que des plis réguliers. Ce qui caractérise plus particulièrement cette espèce de dent, c'est que les plis granuleux sont disposés de manière á former autour de la partie la plus saillante de la couronne, des séries concentriques, qui deviennent toujours plus régulières vers les bords de la dent. Cette disposition résulte de ce que les gros plis transverses tendent á converger d'avant eu arrière et d'arrière en avant, á leurs extrémités, (comme on le voit á la fig. 13' et 16', et d'une manière moins évidente sur toutes les dents de cette espèce), ensorte que les derniers viennent s'unir latéralement aux premiers et que les petits plis qui se trouvent sur le bord évasé, au lieu de diverger vers les bords, comme dans l'espèce suivante, sont concentriques les uns aux autres tout autour de la dent et parallèles á la jonction latérale des gros plis transverses. Je n'avais d'abord envisagé ces différences que comme accidentelles; mais plus tard, je me suis convaincu que toutes les dents réunies en nombre sur la même plaque se ressemblaient à cet égard, ce qui m'a fait envisager ce caractère comme spécifique. Je rapporte donc maintenant au Ptychodus mammillaris toutes les dents dont la couronne est très-bombée dans le milieu, portant sur cette bosse des plis transverses peu nombreux mais très-marqués, et dont les bords portent une granulation plus ou moins sériale, disposée en lignes concentriques.

 

Une coupe longitudinale d'une de ces dents m'a fait voir la structure tubuleuse de toute la dent, dont la racine seulement est moins dense et s'étend jusque dans l’intérieur de la couronne, tandis que la couche émaillée qui recouvre les bourrelets des bords et toute la partie moyenne de la dent est d'autant plus dense, plus compacte et plus dure qu'on l'examine plus près de sa surface extérieure. Cette couche émaillée est aussi beaucoup plus épaisse sur le milieu de la couronne que sur ses bords.

 

Les nombreuses figures que j'ai données des dents de cette espèce font voir jusqu’à quel point elles varient par leurs dimensions, leur forme, leur disposition et le nombre de leurs plis et de la granulation de leurs bords. L'original de la figure 11 est dans la collection de M. le Comte de Münster; ceux des figures 12, 14, 15 et 18 sont dans la collection de M. Mantell á Brighton, et ceux des fig. 13, 16, 17, 19 et 20 au Muséum de Paris.

 

J'ai réuni au Ptychodus mammillaris la dent de la fig. 11 et 11', qui provient de la craie marneuse (Plaener) de Strehla près de Dresde, et que M. le Comte de Münster, à qui je suis redevable du dessin grossi de plus du double que j'en publie ici, croit identiques avec le Ptych. Knorrii Sternberg, Verhandl. der Gesellsch. des nat. Muséums in Böhmen 1829. Tab. 1, fig. 5. La petitesse de cette dent et sa forme conique sont des caractères bien remarquables il est vrai; mais avant d'en posséder une série présentant des modifications analogues á celles des autres espèces connues, il serait prématuré de la distinguer spécifiquement, pour moi surtout qui ne l'ai pas vue en nature.

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